La Beat Generation à Cuisery

Ce dimanche 29 mars 2009, à l’occasion du Printemps des Poètes, plusieurs bouquinistes du Village du Livre se sont réunis devant la librairie La Découverte afin de proposer un choix de lectures de poètes américains des années 1950 à 1980.

Textes de la Beat Generation bien sûr, avec des Haïku de Kerouac, des poèmes de Lawrence Ferlinghetti, d’Allen Ginsberg, de Bob Kaufman mais aussi du poète contemporain californien Jack Hirschman (dont certains se rappelleront la visite à Cuisery en 2001).

Moments forts au cours de ces lectures à plusieurs voix proposées par les libraires, puisque des visiteurs se sont spontanément proposés de lire des textes traduits et dans le texte. Souvenons-nous que la lecture n’a pas toujours été silencieuse. Durant l’antiquité, il ne serait pas venu à l’esprit de quiconque de lire un texte à voix basse. Le lecteur devait entendre ce qu’il lisait. Que les libraires de Cuisery continuent encore longtemps de "s’entendre" pour nous faire découvrir leurs lectures... !

Richard Jaillet

L’acte de naissance : l’ouvrage "Sur la Route" de Jack Kerouac.

Les Beatniks émergent aux Etats-Unis vers la fin des années 50. Des garçons et des filles jeunes, très jeunes qui refusent la course à la terreur, à la production, à la consommation. Ils opposent un non aussi instinctif que radical à la guerre, au chantage de l’industrie, au mirage de l’opulence, au modèle de l’homme de l’organisation.

Des poètes, des romanciers, des dramaturges, tous hérétiques. Ils ne croient pas en la rationalité scientifique que leur proposent l’université, le monde des affaires et les hommes politiques, ils préfèrent l’approche spirituelle, la vision, l’imagination, ils ne croient pas en l’homme de masse que façonnent les sociétés de progrès et de destruction, ils optent pour l’individu, l’intégrité de la personne, la protection de tout être vivant.

Des naïfs, des utopistes des irresponsables. Mais au-delà de ces risques, il y a aussi de précieux germes de subversion. Le cri de Ginsberg est aussi celui de tout être qui tente de résister à la normalisation. Le silence de Burroughs est aussi l’arme du partisan qui prépare le déraillage du train. La parole dont s’empare Kerouac est aussi celle que des millions d’hommes et de femmes vont oser prendre ou reprendre au cours des dix années à venir.

L’explosion des années 60 est inconcevable sans cette génération qui prépare le terrain d’une certaine révolution culturelle et de certaines pratiques de rupture sociales.

C’est dans cet esprit que sont menées aux Etats-unis et ailleurs des luttes contre le racisme, contre l’inégalité, contre le système de reproduction, contre certains aspects de l’impérialisme.

Aujourd’hui on cherche à nous faire oublier ces expériences et à faire disparaître les principes qui les ont rendues possibles. Quelques libraires de Cuisery s’entendent pour vous les faire redécouvrir.

Jacques Bouvard